Le bulletin de liaison de l'Association de la gestion intégrée de la rivière Maskinongé
Le bulletin de liaison de l'Association de la gestion intégrée de la rivière Maskinongé
RENOUV'EAU
Le bulletin de l'Association de la gestion intégrée de la rivière Maskinongé
RENOUV'EAU
Le bulletin de l'Association de la gestion intégrée de la rivière Maskinongé
Numéro 19 Volume 2 Avril 2021
Édito
Jean-Claude Charpentier, président
Par chance cette année, les températures clémentes ont occasionné une crue printanière relativement pondérée et de courte durée. Cependant, le risque de revivre des crues comparables à celles de 2017, 2018 et 2019 demeure bien réel et nous ignorons la façon dont les changements climatiques agiront sur ce phénomène naturel.
Lors de la priorisation des problématiques de notre Plan directeur de l’eau en 2019, nous avons identifié avec nos partenaires, les inondations comme un enjeu prioritaire. AGIR Maskinongé travaille sur cette problématique à travers différentes actions : des relevés de cotes de crues pour le ministère de la Sécurité publique, la cartographie de la ligne des hautes eaux pour la MRC de Maskinongé, l’espace de liberté de la rivière Mastigouche ainsi que la gestion du barrage de Saint-Didace.
Nous accueillons donc favorablement l’initiative du gouvernement du Québec de revoir le cadre réglementaire en matière de prévention des risques de crues. Le Plan de protection du territoire face aux inondations comprend plusieurs volets, incluant une cartographie des zones inondables et la mise en place de bureaux de projets dans les différentes régions du Québec. Progressivement, nous aurons donc une meilleure connaissance des risques d’inondation sur notre territoire et pourrons poser des actions concrètes afin de mieux protéger les citoyens.
En terminant, je voudrais remercier l’équipe d’AGIR Maskinongé et souligner sa persévérance à accomplir ses tâches en télétravail en cette période de pandémie qui s'échelonne sur plus d’un an déjà. Souhaitons-nous un retour à la normale dans un avenir rapproché !
Delphine Deléglise, directrice
La neige a disparu et nous avons hâte de commencer une nouvelle année d’activités sur le terrain. Ce printemps, nous sommes heureux d’accueillir un nouveau membre dans notre équipe. Il s’agit de M. Xavier Allard, biologiste, qui va remplacer Mme Amélie St-Yves, coordonnatrice de projets, durant son congé de maternité. M. Allard reprendra donc le flambeau et s’occupera notamment des projets en milieu agricole.
Depuis un an, la pandémie a quelque peu éclipsé les autres nouvelles, mais plusieurs stratégies gouvernementales se poursuivent et concernent directement ou indirectement la protection des ressources en eau :
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Le Plan d’agriculture durable fait une place importante aux techniques en agroenvironnement que nous mettons en place à travers nos projets en milieu agricole;
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Le Plan de protection du territoire face aux inondations répond directement à une problématique priorisée sur notre territoire;
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La Stratégie d’aménagement durable des forêts inclut des objectifs de protection des écosystèmes;
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La conversation nationale sur l'urbanisme et l'aménagement du territoire lance le grand chantier visant à réviser notre vision de l’aménagement du territoire pour mieux y inclure des notions de développement durable.
À ces initiatives gouvernementales s’ajoutent les travaux en cours pour la conservation des milieux humides et hydriques, ceux de notre Plan directeur de l’eau, mais aussi les Plans régionaux des milieux humides et hydriques des MRC auxquels nous collaborons.
Je tiens également à remercier les citoyens qui, cette année encore, ont commandé des arbustes et des plantes herbacées pour améliorer leur bande riveraine. Ce sont en fait près de 900 plants qui viendront améliorer la qualité de l’eau de nos lacs et rivières cette année.
À la une
Comprendre les inondations pour mieux prévenir les risques
Chaque année au printemps, les rivières et les lacs du Québec débordent. Ce phénomène est lié à la fonte des neiges, qui provoque l’afflux d’une grande quantité d’eau vers les cours d’eau. L’eau ruisselle d’abord sur des sols encore gelés qui ne permettent pas d’infiltration, puis les nappes souterraines deviennent rapidement saturées par les volumes d’eau importants qui descendent des bassins versants. Si les inondations de 2017, 2018 et 2019 ont marqué les esprits par leur importance, 2021 aura été une année particulièrement clémente.
Pourquoi les crues varient-elles autant en intensité ?
Plusieurs facteurs expliquent les variations des crues, parmi lesquels l’épaisseur de neige au sol, la quantité de pluie au moment de la fonte ainsi que la rapidité du réchauffement. Ces facteurs varient fortement d’une année à l’autre et provoquent de grandes différences de niveau d’eau au moment de la crue. À ces phénomènes peuvent s’ajouter les embâcles de glace : si la fonte se produit alors que la glace est encore épaisse sur les rivières, elle se brise en gros blocs qui peuvent s’accumuler et former des barrages de glace là où on trouve des obstacles naturels ou des ponts.
Actuellement, on définit plusieurs niveaux d’inondation en fonction de leur probabilité de se produire chaque année, basée sur des calculs hydrologiques et les données des années antérieures.
Ainsi, un niveau de crue qui a 50 % de chances de se produire chaque année est défini comme une zone de crue 2 ans. Une crue qui a 5 % de chances de se produire chaque année est définie comme une zone de crue 20 ans. La zone située entre la rivière et la limite de crue 20 ans est appelée zone de grand courant. Une crue avec 1 % de chances de se produire chaque année est une crue 100 ans. La zone entre la ligne de crue 20 ans et la ligne de crue 100 ans est appelée zone de faible courant.
Ainsi, une crue 20 ans n’est pas une crue qui se produit tous les 20 ans, mais une crue qui a 5 % de chances de se produire chaque année. On peut donc avoir plusieurs années de suite de fortes crues comme entre 2017 et 2019. Avec les changements climatiques, ces probabilités deviennent également de plus en plus incertaines. C’est pourquoi les nouvelles normes gouvernementales devraient plutôt s’orienter vers des zones de faible ou de fort risque sans référence à une récurrence particulière.
Tous ces phénomènes sont naturels et inévitables. C’est pourquoi le meilleur moyen d’éviter que des maisons ou des infrastructures subissent des dégâts à cause des inondations est d’éviter de construire dans des zones qui subissent ces inondations. Pour éviter ces risques, il est impératif de connaître les zones qui sont susceptibles d’être inondées en réalisant leur cartographie. Comme beaucoup de zones inondables ne sont pas encore cartographiées ou mal cartographiées, le gouvernement du Québec a mis en place en 2019 les Zones d’intervention spéciales (ZIS), sur lesquelles il a appliqué les règles de la Politique de protection des rives, du littoral et des plaines inondables (PPRLPI) en attendant la mise à jour de la réglementation qui débute actuellement.
Informations additionnelles :
Cartographie des ZIS : https://www.cehq.gouv.qc.ca/zones-inond/ZIS-20190715/index.html
Localisation des zones inondables déjà identifiées : https://geoinondations.gouv.qc.ca/
Projet INFO-crue de cartographie des zones inondables : https://www.ouranos.ca/programme/info-crue/
Plan de protection du territoire face aux inondations :
Gestion et prévision des inondations : Les milieux humides nous protégerons !
La gestion des inondations demeure un enjeu majeur au Québec. Le climat, la topographie et l’hydrographie de la province induisent des risques d’inondations dont l’occurrence se veut assez régulière. C’est principalement au printemps, à la fonte de la neige et au dégel du sol que le risque s’avère le plus important. La prévention des débordements revêt une importance cruciale. Beaucoup de zones inondables sont occupées et peuplées. La pression anthropique exercée sur les milieux humides et hydriques se montre de plus en plus importante. Ceux-ci sont par définition intimement liés ; la concentration en eau y est très élevée et la végétation très spécifique. Cependant, la pression exercée par les activités humaines et notamment l’agriculture n’a fait que réduire la quantité et la taille des milieux humides. Souvent considérés inutilisables et inexploitables pour une activité rentable, ils ont été régulièrement drainés puis asséchés. Ces espaces s’accompagnent souvent de connotations négatives ; zone infréquentable, mauvaises odeurs, moustiques. Toutefois, ces milieux occupent une grande importance sur notre territoire.
Clément Cortial
Responsable de la géomatique
En matière d'inondation, la prévention n'est pas une option, mais bien une partie de la solution.
« En matière d'inondation, la prévention n'est pas une option, mais bien une partie de la solution. »
Les services rendus par les milieux humides se veulent nombreux ; nous pouvons évidemment citer l’importance écologique. La faune et la flore y sont abondamment diversifiées. Les zones humides servent de refuges pour de nombreuses espèces protégées ou vulnérables. De plus, les milieux humides constituent un allié précieux dans la régulation des débits autant en période de crue qu’en période d’étiage. Pour compléter le CV des milieux humides, nous pouvons citer leur capacité à capter et à stocker le carbone. Avec ce portrait, nous obtenons un allié indispensable au maintien de nombreuses espèces, dont… nous-mêmes. La documentation s’enrichit de plus en plus à propos du rôle de ces espaces sur la qualité des eaux, la gestion des quantités et la préservation d’espèces fauniques et floristiques. Les changements climatiques auxquels nous faisons face risquent d’augmenter la répétition de phénomènes violents et de grande ampleur. Les inondations comptent parmi les risques environnementaux qui présentent un des dangers principaux, surtout pour les occupants des rives et aux alentours.
Les récentes politiques mises en place semblent montrer une prise de conscience sur l’importance de notre environnement. Les objectifs de conservations des milieux hydriques et humides élaborés par les organismes de bassin versant en concertation avec les citoyens illustrent ce changement. La volonté gouvernementale visant la zéro perte nette de milieux humides ainsi que la prise de conscience citoyenne sont autant d’éléments encourageants pour la préservation des milieux humides.
Informations additionnelles :
https://www.actualites.uqam.ca/2021/tourbieres-sequestrent-plus-carbone-arbres
https://www.environnement.gouv.qc.ca/eau/rives/milieuxhumides.htm
Coups de coeur
L'éveil de la faune
Sous la terre, sous l’eau ou complètement gelés, plusieurs amphibiens et reptiles passent l’hiver en hibernation à l’abri du froid et de la glace. À l’arrivée du printemps, les grenouilles, les crapauds, les salamandres, les couleuvres et les tortues quittent leur lieu d’hivernage afin de rejoindre un plan d’eau pour s’accoupler et pondre leurs œufs.
On peut d’ailleurs entendre le pii-ip court, aigu et perçant de la rainette crucifère qui se réveille à la fonte des neiges, après avoir passé l’hiver bien à l’abri sous la litière de feuilles mortes ou de débris ligneux.
Un peu plus tard, avec la sortie de la végétation, on peut entendre le trille musical sifflé et aigu du crapaud d’Amérique qui se regroupe dans les étangs et les autres milieux humides.
Pour les salamandres, l’hiver se passe bien à l’abri sous des troncs d’arbres et des roches. À leur éveil, elles se déplacent vers leur lieu de ponte, soit un fossé, un ruisseau ou un milieu humide.
Les couleuvres passent l’hiver au fond d’une cavité recouverte de grosses pierres appelée « hibernacle ». Lors de leur éveil, on peut observer des boules d’accouplement, c’est-à-dire des rassemblements de plusieurs couleuvres entortillées autour d’une femelle.
La tortue des bois, désignée vulnérable par le gouvernement du Québec, s’abrite au fond de l’eau pour l’hiver. Au début du printemps, elle émerge et reste le long des rivières. À mesure que l’été progresse, elle va s’aventurer en milieu terrestre, tout en restant à proximité d’un plan d’eau où elle retourne au besoin pour régulariser sa température corporelle.
Je la vois, je signale sa présence! Pour signaler une observation de tortue des bois :
En auto ou en vélo, vous pourriez croiser des grenouilles, des crapauds et des salamandres en train de traverser la route. Afin de protéger ces petits amphibiens lors de leur migration vers leur lieu de ponte, respectez la limite de vitesse et regardez attentivement autour de vous. Pour en savoir plus, visionnez la vidéo Comment rapporter votre observation de tortue vivante, blessée ou morte sur une route.
Comment améliorer la fertilité du sol sans ajouter d'engrais chimique ?
Conscients de l’importance de favoriser une plus grande cohabitation agriculture-faune dans la région du lac Saint-Pierre, l’Union des producteurs agricoles, Agriculture et Agroalimentaire Canada et ses partenaires, incluant AGIR Maskinongé, ont mis en œuvre un projet visant notamment l’amélioration de la qualité de l’eau des cours d’eau qui se jettent dans le lac Saint-Pierre. Celui-ci s’appuie sur une approche innovante appelée Laboratoire vivant. Les agriculteurs se trouvent au cœur de l’action et collaborent avec les chercheurs du début jusqu’à la fin du processus. L’implantation de pratiques agricoles permettant l’amélioration de la qualité de l’eau est discutée et réfléchie au cours d’ateliers où chacun apporte son savoir-faire et son expertise. Les différents partenaires du projet espèrent que ce travail collaboratif permettra d’accélérer l’adoption des pratiques agricoles et d’améliorer ainsi la qualité de l’eau qui se verse dans le lac St-Pierre. L’utilisation du biochar en remplacement d’engrais chimiques est une technique qui pourrait contribuer à améliorer la qualité de l’eau en milieu agricole.
Qu'est-ce que le biochar ?
BIO pour biomasse et CHAR pour charbon
Il s’agit simplement d’un charbon d’origine végétale riche en carbone obtenu par pyrolyse. En agriculture, le biochar est utilisé pour augmenter la productivité des sols et donc le rendement de certaines cultures. Des essais terrain ont été réalisés avec différents types de cultures : maïs fourrager, plantes fourragères, soya, sarrasin, courges, pommes de terre et piments doux. Appliqué à un taux variant de 4 à 10 tonnes/ha, le biochar a des effets positifs ou neutres sur le rendement. Il permet d’augmenter la productivité d’environ 10 %. En revanche, en fonction du type de matières premières et des paramètres de production, il existe une grande variabilité de ses effets bénéfiques.
PYROLYSE
Procédé de dégradation thermique de biomasse à haute température en présence de peu ou pas d’oxygène.
Comment le biochar permet-il d’augmenter le rendement de certaines cultures ?
Le biochar permet de créer un habitat unique de protection et de reproduction de la flore microbienne du sol. La structure ultraporeuse du biochar entraîne une meilleure rétention de l’eau, une plus grande fertilité du sol et une meilleure stimulation de la croissance des plantes. De plus, il améliore le pH des sols acides et les conditions physiques du sol comme l’apport direct en nutriments. Il réduit le lessivage des éléments minéraux et augmente la diversité microbienne bénéfique du sol.
Autrement dit, en agissant pour réunifier les sols, améliorer la rétention d’eau et stimuler le système immunitaire des plantes, il a la capacité d’améliorer la qualité du sol, la production agricole et d’y séquestrer du carbone.
Contrairement au compost qui ne dure pas longtemps dans le sol, le biochar, par sa haute teneur en carbone (45 à 85 %), y reste longtemps. En effet, l’application du biochar au sol peut en améliorer la qualité à long terme et séquestrer du carbone dans le sol pendant des siècles.
En production animale, l’utilisation de biochar peut aussi avoir un effet bénéfique sur l’environnement, puisqu’il permet de réduire l’utilisation de médicaments. Utilisé pour les animaux sur litière, il protège contre les maladies de pied et de pis. Conséquemment, il permet d’éviter l’utilisation de certains antibiotiques.
Auteurs :
Amélie St-Yves, biologiste, AGIR Maskinongé
Chantal Foulds, agr., coordonnatrice, projet lac Saint-Pierre
Informations additionnelles et références :
https://www.ecoumene.com/biochar/
https://www.agrireseau.net/agroenvironnement/documents/Major.pdf
